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80 kilomètres entre Carteret et Granville, façonnés par une succession de dunes et de havres, font du littoral de la côte Ouest du Cotentin, un refuge naturel et protégé, unique en son genre. Dans ces immenses plaines de bancs de sables et de marais maritimes, la mer s’invite deux fois par jour. Le coefficient des marées, chaque jour différent, modifie en permanence l’aspect de ces espaces remarquables.

Par leurs richesses naturelles, les huit havres du littoral manchois, pratiquement tous classés sites Natura 2000*, forment un ensemble de vie inestimable pour la faune et la flore. De nombreux circuits découverte offrent la possibilité de mieux comprendre la complémentarité entre terre et mer, la valeur biologique de cet environnement exceptionnel et les enjeux écologiques que représente sa préservation.

* Havre : vient du norrois (langue des Vikings) « Häfn » désignant un abri, traduit en anglais par « Haven » puis par « Harbour », port, au sens actuel.

** Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens terrestres et marins identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages animales ou végétales et de leur habitat. Il concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économique.

Moutons de pré salés, havre de la vanlée
Moutons de prés salés, havre de la vanlée © OTGTM – A. Lamoureux

Les havres constituent un garde-manger composé d’une microflore abondante, fort appréciée des animaux qui vivent dans les sédiments (vers, mollusques, petits crustacés…). Nurserie pour les poissons de la côte et bien-sûr pour les oiseaux sédentaires ou migrateurs, canards, goélands, mouettes… sont nombreux à venir s’y nourrir et s’y réfugier. Zones régulièrement recouvertes par la mer, mais protégées des vents forts et de l’assaut des vagues, les havres fournissent un abri pour les navigateurs. Au fil de l’histoire, ils sont devenus ports d’échouage. Le plus important étant celui de Regnéville-sur-Mer, connu dès le XIIe siècle et surveillé par son château. La conchyliculture, située sur les estrans est également l’une des grandes bénéficiaires de cette manne nourricière : huîtres et moules se nourrissent des tonnes de diatomées transportées par la marée descendante.

Qui dit havre, dit aussi agneau de prés salés, qui raffole de la puccinellie maritime, appelée aussi herbe à moutons. Autres grands amateurs de cet environnement foisonnant, les pêcheurs à pied professionnels, ceuilleurs de Salicorne. Autorisée de juin à septembre, réglementée par arrêté préfectoral, la récolte avoisine les vingt tonnes par an. Par leur caractère encore sauvage, les havres contribuent également au développement d’un tourisme vert. Lieux de promenade privilégiés, le nautisme (voile, canoé-kayak, paddle…) s’y développe de manière raisonnée afin de ne pas abîmer l’écosystème.

Havre de Barneville : 50 hectares de prés salés

Barneville
Barneville © AdobeStock – Florent

Dès le Moyen Age, le havre de Barneville était exploité pour sa tangue. Il constituait également un centre important de production de sel. Port très actif, les voiliers caboteurs venaient s’échouer dans l’estuaire de la Gerfleur. La digue-route qui relie le bourg à la plage sera, quant à elle, construite en 1893. L’emprunter à pied ou à vélo lors d’une grande marée et admirer la montée des eaux jusqu’à son plus haut niveau est tout simplement magique.

• Sentier de découverte de la pointe dunaire de Barneville-plage (parcours balisé avec panneaux d’information sur la faune et la flore du havre et de la dune).
• Topoguide « 15 balades en Côte des Isles » – circuit 2 : Barneville et son havre (14,8 km), disponible à l’office de tourisme de la Côte des Isles.

Havre de Port-Bail et Saint-Lô d’Ourville : 330 ha dont 190 ha de prés salés

Porbail ou Port-bail
Portbail ou Port-bail © Teddy Verneuil

Les nombreuses découvertes archéologiques ayant mis à jour des silex taillés datant de l’homme de Néanderthal, la pêcherie médiévale, les vestiges de la période romaine, témoins d’une cité importante liée au commerce maritime, prouvent l’occupation humaine très ancienne de Port-Bail. En 1876, le havre sera coupé en deux avec la construction du pont des 13 arches. L’élevage sur les prés salés est toujours pratiqué dans la partie nord. Le nautisme représente aujourd’hui la principale attractivité de Port-bail, grâce à ses 300 mouillages.

• Circuit du havre et des dunes de 11,6 km.
• Traversées du havre toute l’année et découverte de la faune, de la flore et de l’histoire.
• Navigation dans le havre, possible auprès des écoles d’initiation.

Havre de Surville : 85 ha dont 50 ha de prés salés

48 espèces nicheuses dont le tadorne de Belon et l’hirondelle de rivage profitent des microfalaises dunaires du havre de Surville. S’il servait de port d’échouage pour des embarcations de pêche, l’endroit était prisé par les contrebandiers. Ainsi, un corps de garde tenu par 12 hommes y a été construit au XVIIIe siècle pour la surveillance de la côte.

• Havre de Surville (9, 15,5 ou 17,5 km).
• Traversées du havre, l’été, avec des animateurs du CPIE du Cotentin (formation, faune et flore).

Le havre de Saint-Germain-sur-Ay : 320 hectares de prés salés

Corps de garde, havre de Saint-Germain-sur-Ay
Corps de garde, havre de Saint-Germain-sur-Ay © Margaux Choquet

Second havre le plus grand par sa taille il est aussi le plus sauvage, il présente une grande diversité de végétations de marais salés. Des centaines de brebis pâturent ses herbus. Autour, les dunes, appelées mielles, sont pour beaucoup cultivées et produisent carottes et poireaux, notamment à Créances.

• Circuit de 15,9 km « Les trésors du havre de Saint-Germain-sur-Ay »
• Circuit « Les mielles de Créances » : 7,8 km
• Le CPIE du Cotentin propose des sorties nature dans certains havres, notamment la traversée (avec un guide) du havre de Saint-Germain-sur-Ay.

Le havre de Geffosses : 140 ha de prés salés

Son intérêt ornithologique est remarquable. Autrefois petit port d’échouage, sa physionomie a été bouleversée par la construction de la route touristique. Un sentier pédestre avec panneaux d’interprétation permet de rejoindre plusieurs postes d’observation.

• Geffosses à l’aventure bougainvillaise : 8,8 km

Le havre de Blainville : 80 hectares de prés salés

Ici, des rassemblements de plusieurs centaines d’huitriers-pies sont visibles sur la plage où abondent les coques qui constituent l’essentiel de leur nourriture. Le havre de Blainville est un lieu d’escale, de repos et de nourrissage pour de nombreux passereaux, canards et oiseaux marins tout l’hiver. Il fut, bien avant notre période, un actif port de commerce qui effectuait avec les îles anglo-normandes un important trafic de chaux, d’ardoises, de pierres, de grains et de fourrages…

• Chemin de l’Huître » 13 km (3 h 15).

Le havre de la Sienne : 570 hectares de prés salés

Havre de la Sienne
Havre de la Sienne © V. Pacaut – The Explorers

Le plus grand par sa superficie 915 ha dont 570 ha de prés salés, le havre de la Vanlée représente une Zone de Protection Spéciale et Zone d’Importance Communautaire pour les Oiseaux. Par ailleurs, il représente une nurserie pour les poissons tels que le bar, le merlan, la plie, le mulet et le saumon atlantique… Offrant un abri contre les vents d’ouest, le havre a été utilisé dès l’époque Viking comme port d’échouage d’abord côté Agon, puis sur Regnéville-sur-Mer. Aujourd’hui, les prés salés sont pâturés par près de 2 000 brebis et, outre la cueillette de salicornes, le havre constitue une zone de mouillage de plaisance (avec environ 250 bateaux).

• Circuit de randonnée « La Pointe d’Agon-le Phare » de 9 km (2 h 15)
• Les promontoires de la Sienne, 18 km
• Descentes de la Sienne en kayak (école de voile)

Le havre de la Vanlée : 280 hectares de prés salés

Route submersible à Bricqueville-sur-Mer
Route submersible à Bricqueville-sur-Mer © OTGTM – E. Cohier

Depuis longtemps occupé par l’homme puisqu’on y a retrouvé des traces remontant à l’âge de fer, le havre a surtout été exploité pour l’extraction de la tangue. Ainsi, la petite paroisse de St-Martin-le-Vieux se plaint dans ses cahiers de doléances au XVIIIe siècle de la dégradation des chemins due au charriage de la tangue. L’activité des sauniers était aussi importante, il existe même un « village des Salines ». Le pâturage ovin constitue l’activité principale des prés salés.

• Le havre de la Vanlée : boucle de 11 km (2 h 45).
• Variante 7 km (1 h 45)


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