Mis à jour le 26 octobre 2023
Temps de lecture : 5 min
Le temps était de saison, idéal donc pour s’imprégner de l’intensité sauvage, iodée et vivifiante de la Baie des Veys. Avec mes amis, nous souhaitions depuis longtemps découvrir en immersion le métier d’ostréiculteur. Armés de nos tenues de circonstance, bottes et cirés colorés, nous avons suivi le défilé incessant des tracteurs jusqu’à atteindre les premières allées des parcs à huîtres.
Au rendez-vous des pêcheurs
Accueillis par Eric Rotrou, guide de l’Office de Tourisme d’Isigny-Omaha, nous commençons par découvrir la base conchylicole de Grandcamp-Maisy. Nous sommes aussitôt surpris par le grand nombre d’établissements rattachés à l’élevage des coquillages rien que sur ce périmètre. Ce jour-là, notre accompagnateur va nous présenter les parcs à huîtres, la salle de triage et de conditionnement de l’entreprise Perron.
L’immense Baie des Veys

La visite se fait à pied. Nous prenons donc la direction des parcs à huîtres et profitons à chacun de nos pas de la vue panoramique sur la Baie des Veys. Ecrin des oiseaux et des phoques-veaux marins, elle se situe entre les côtes du Bessin et celles du Cotentin. Au XIe siècle, cette baie sauvage permit à Guillaume le Conquérant de regagner Falaise au plus vite en évitant Isigny, contrôlé par Grimoult, descendant du baron normand. Au péril de sa vie, Guillaume de Normandie emprunta l’un des trois gués : le Grand Vey, long de 8 kilomètres. Victorieux, il fit emprisonner Grimoult, lui confisqua ses terres dont Isigny faisait partie, qu’il offrit comme seigneurie à son fidèle compagnon, Hugues Suhart.
Après ce pan important de l’histoire, Eric attire notre attention sur le nombre incalculable de tables d’élevage d’huîtres, installées entre les deux rives, soit l’équivalent de 340 terrains de football. Arrivés à hauteur des premiers parcs, sous une petite pluie et nos bottes qui s’enfoncent dans l’eau sablonneuse, nous apprenons que chaque naissain aura besoin de trois années pour arriver à maturité et que chaque huître, pour donner le meilleur d’elle-même, aura été retournée et déplacée au moins treize fois par l’ostréiculteur.
Un écosystème d’exception
Ici, ce qui apporte la richesse au produit, c’est avant tout le va-et-vient des marées deux fois par 24 heures. L’huître s’ouvre et filtre les oligoéléments lorsque l’eau remonte. Quatre rivières et plusieurs petits cours d’eau finissent leur course dans la Baie des Veys ce qui enrichit d’autant plus la qualité de eaux filtrées par les coquillages. La valse des éleveurs et des tracteurs s’explique par le fait que les huîtres, tout au long de leur croissance, sont triées et repositionnées sur des tables en fonction de leur calibre. Nous comprenons alors que sans l’intervention manuelle et journalière de l’homme, nous ne pourrions pas garnir nos repas de fête de ces trésors gustatifs.
Les bassins, le triage


Les huîtres, en fonction de leur calibre, sont déposées dans des bassins ou envoyées au triage. Cette étape permet de séparer les coquillages, de les reconditionner dans des poches afin qu’ils reviennent sur les tables pour poursuivre leur croissance, établie par ordre décroissant de 5 à 1. A cette étape de notre découverte, William Perron nous explique que le travail d’ostréiculteur consiste à bien anticiper les périodes de forte demande. Le roulement effectué sur les parcs à huîtres doit permettre qu’il y ait toujours des produits en quantité suffisante notamment au moment des fêtes de fin d’année.
La dégustation

La visite se termine par la dégustation d’huîtres, on ne peut plus fraîches, tout juste remontées des parcs. Eric nous indique que pour s’assurer que le produit est bon, il faut impérativement enlever la première eau et attendre que la deuxième se reforme. Si tel est le cas, il ne reste plus qu’à croquer la chair charnue de l’huître d’Isigny. Un délice dont l’effet de l’iode éveille fortement nos papilles. Notre guide nous aide également à tapoter sur la coquille. Au bruit reconnaissable, selon lui, il est possible de savoir si l’huître est consommable. Nous avons conscience que nous sommes loin d’être des experts en la matière. Quant à l’ouverture munis du fameux couteau… attention danger ! Il faut avant tout repérer le point névralgique du coquillage, soit le muscle reliant les deux valves, le sectionner en introduisant au bon endroit l’outil conçu à cet effet tout en prenant soin de positionner le pouce à 3 millimètres de l’extrémité de la lame. Deux, trois mouvements de pivots et le tour est joué. Il n’y a pas à dire, l’huître de Normandie, ça se mérite !

La Baie des Veys
La Baie des Veys est un estuaire où se rejoignent quatre des principaux cours d’eau du Parc : l’Aure, la Vire, la Taute et la Douve. Bassin de culture des huîtres d’Isigny et d’Utah Beach, cet immense espace naturel protégé, rythmé par le va-et-vient des marées, permet de récolter jusqu’à 10 000 tonnes d’huîtres par an.
Infos pratiques
Visite des parcs à huîtres de la Baie des Veys, à la base conchylicole de Grandcamp-Maisy
Proposée par l’Office de Tourisme d’Isigny-Omaha
16 rue Emile Demagny
14230 Isigny-sur-Mer
02 31 21 46 00
[email protected]
www.isigny-omaha-tourisme.fr
Visite possible à bord d’un attelage de chevaux.
Les visites se déroulent chez les ostréiculteurs suivant : André Gilles Taillepied, Alain Pourtier, Eric Taillepied et l’EURL Perron.
DATES 2023
Sorties proposées pendant les vacances scolaires.
Possibilité de réservation de créneau toute l’année pour les groupes.
Renseignements auprès de l’Office de Tourisme d’Isigny-Omaha
Sortie sur l’estran à pied :
– Mardi 18 avril à 14 h 30
– Lundi 10 juillet à 10 h
– Lundi 17 juillet à 16 h 30
– Lundi 24 juillet à 8 h
– Lundi 31 juillet à 15 h
– Lundi 7 août à 8 h 30
– Lundi 14 août à 15 h
– Lundi 21 août à 8 h
– Lundi 28 août à 14 h
Sortie en attelage :
– Mardi 25 avril à 8 h
– Mardi 11 juillet à 10 h
– Mardi 18 juillet à 17 h
– Mardi 25 juillet à 8 h 30
– Mardi 1er août à 16 h
– Mardi 8 août à 9 h
– Mardi 15 août à 16 h
– Mardi 22 août à 8 h
– Mardi 29 août à 15 h
TARIFS 2023
Adulte plein tarif de 6 € en pédestre et de 25 € en attelage.
Tarif enfant de 4 à 12 ans de 3 € en pédestre et de 15 € en attelage.
Forfait famille (2 adultes, 2 enfants) à 70 € pour la sortie en attelage avec les chevaux.
Gratuité pour les moins de 4 ans.
A Savoir
Prévoir coupe-vent et chaussures qui ne craignent pas l’eau.
Cette activité peut être adaptée au public handicapé visuel sur demande préalable.