Atelier céramique et visite guidée du Bec-Hellouin

Les objets en céramique ont vraiment la cote. Sur les marchés artisanaux, dans les petites boutiques indépendantes, la céramique est partout ! Nous avons hâte de nous initier à ce savoir-faire unique en compagnie d’une pro : Léa. Nous poursuivrons par la visite de l’abbaye du Bec-Hellouin, dans l’un des Plus Beaux Villages de France.

Quand on arrive chez Léa, on se sent tout de suite bien. Située à 5 minutes à peine de la commune de Brionne, dans la Vallée de la Risle, nous découvrons sa jolie maison aux volets bleus. Il s’agit d’une ancienne ferme. Léa nous attend dans sa boutique / atelier, une petite annexe au charme fou. La salle des fours jouxte la partie atelier. La jeune femme est avenante. Son univers, poétique et bucolique, me parle instantanément. Je remarque de petits décors muraux qui représentent des oiseaux, des chouettes et des papillons. Très joli ! Des tasses, des vases, un vide-poche, etc. On sent que Léa ajoute sa patte à chacun de ces objets. Au mur, de petits échantillons de couleurs, façon moodboard. J’ai l’explication : il s’agit de ses recherches de couleurs sur de petits bouts de faïence, pour la basse température, et de grès et porcelaine pour la haute température.

Des matériaux nobles

Si Christel maîtrise déjà bien le sujet (elle suit des cours de céramique dans une commune voisine), c’est une première pour Carole et moi. En préambule, notre prof nous indique que la faïence et le grès viennent de Normandie, du Calvados plus précisément. La porcelaine est de Limoges. Léa attache de l’importance à la provenance et la qualité des matériaux, pour « minimiser l’impact ». C’est aussi pour cette raison qu’elle n’utilise pas, entre autres, de lithium ni de cadmium pour les oxydes métalliques.

Fabriquer une tasse

Aujourd’hui, nous allons fabriquer une tasse. Après avoir retiré nos bijoux, on enfile un tablier. Léa regarde nos mains afin de nous donner la bonne quantité de terre. Dans un premier temps, on va battre la terre avec la partie la plus dure de la main. On commence par la technique dite de la tête du bélier. « J’écrase, je ramène », « j’écrase, je ramène », nous répète Léa. Il faut bien malaxer pour éviter les bulles d’air. Tout au long du cours, nous allons nous familiariser avec le lexique de la céramique. On va utiliser tour à tour une mirette, un ébauchoir, une estèque, entendre parler de « consistance cuir » ou de technique du colombin. Mais ce que l’on utilise avant tout, ce sont nos mains. Léa est attentive à chacune d’entre nous. « C’est technique », fait remarquer à plusieurs reprises Carole, plus habituée à manier des pinceaux. La main en demi-lune, on creuse alors un trou avec le doigt puis on presse les lèvres de l’objet.

Moment de Détente et fierté

Le moment est venu d’ajouter une anse. Carole, elle, opte pour une déco en forme de nuage. C’est là qu’intervient la barbotine, de l’eau mélangée à de la terre, pour coller l’anse. On finit par apposer nos initiales ou prénom sous la tasse à l’aide d’une aiguille. Le geste est précis. On emballe la tasse dans du plastique. Notre prof d’un jour souhaite avoir nos impressions. Nous avons toutes retenu l’aspect doux de la terre. Christel, la plus pro des stagiaires, ajoute que la terre est bien car elle ne sèche pas trop vite. C’est étonnant de voir qu’à partir de la même terre et de la même technique, nos tasses sont si différentes ! On donne du boulot à Léa qui, après une première cuisson, devra dépoussiérer puis ajouter l’émail. Une deuxième cuisson à 1020 degrés sera nécessaire. Rendez-vous est pris dans quelques semaines (5 à 6 semaines, en fonction de la météo aussi). Nous pourrons venir récupérer notre tasse ou bien Léa nous l’enverra par la Poste. Tellement hâte de voir le résultat !

Tradition de la céramique à l’abbaye du Bec-Hellouin

L’atelier a eu lieu en début d’après-midi. Laëtitia, directrice de Office de tourisme Bernay Terres de Normandie, nous rejoint chez Léa. Laëtitia sera notre guide et nous fera découvrir un village situé à quelques kilomètres de Brionne. Et pas n’importe lequel puisqu’il est labellisé Plus Beaux Villages de France : Le Bec-Hellouin. Il y a un lien entre l’atelier et la visite du « Bec ». En effet, il y eut une longue tradition de la céramique à l’abbaye, tradition qui a battu son plein dans les années 1980 / 90. Aujourd’hui, vous y trouverez de la céramique estampillée Abbaye du Bec-Hellouin en boutique, mais elle n’est produite que partiellement sur place, par un moine de l’abbaye.
Notre guide bien sympathique commence par nous indiquer l’origine du toponyme qui date du tout début du XI^e siècle. On le doit au fondateur de l’abbaye, l’abbé Herluin, et au mot bec qui, en normand, signifie ruisseau. Après nous avoir montré une maison à encorbellement, Laëtitia nous parle de l’histoire du village, jadis incendié à plusieurs reprises. Nous franchissons alors le porche de l’abbaye qui date du XV^e siècle. J’aperçois au loin l’un des 8 moines bénédictins qui composent la communauté. Le titre de Plus Beaux Villages de France n’est pas usurpé. Ici règne une quiétude absolue…

Les informations pratiques communiquées sont sujettes à modification.

Léa

Céramiste

Léa est lorraine d’origine, « expatriée » en Normandie. La jeune femme, après avoir obtenu le diplôme des métiers d’art et après un passage par la Sorbonne, a ensuite évolué dans l’univers du luxe à Paris… dont elle s’est rapidement lassée. Son naturel a vite repris le dessus et c’est en Normandie, dans ce petit coin de l’Eure si apaisant, que nous la retrouvons dans son univers poétique et bucolique.