Mis à jour le 21 février 2022
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Édifice emblématique de la ville de Rouen, l’Aître Saint-Maclou est l’un des derniers cimetières à galeries subsistant en France. Classé Monument Historique en 1862, le bâtiment, avec ses poutres décorées de motifs macabres, ne manque pas d’intriguer. Petite plongée dans le Moyen-Âge pour en découvrir ses secrets.
Aître ou cimetière
À portée du son des cloches de l’église Saint-Maclou se niche un lieu aussi singulier qu’extraordinaire : l’aître Saint-Maclou. D’emblée, peut-être est-il bon de rappeler que le mot aître vient du latin atrium, la cour intérieure de la maison romaine. Au fil du temps, le mot a évolué pour désigner la cour de l’église au Moyen-Âge. Une cour qui, bien vite, se transforme en cimetière ; De là, un aître est un cimetière.

Pourquoi un cimetière éloigné de son église ?
Ce qui est étonnant avec l’aître Saint-Maclou, c’est qu’il n’est pas attenant à son église. Une énigme qui, en fait, s’explique lorsque l’on prend le temps de remonter plusieurs siècles en arrière. Comme toutes les églises, celle de Saint-Maclou a bien accueilli autour de ses grandes façades blanches érigées en plein gothique flamboyant, un cimetière, le vieil aître Saint-Maclou. Cependant, au cœur du 14ème siècle, ce cimetière s’est très vite trouvé rempli, saturé, sans plus aucune place, à cause d’un événement terrible : la peste. En cinq ans, de 1347 à 1352, on pense que la moitié des habitants de l’Europe sont morts à cause de cette pandémie qu’a été la peste noire. Parce qu’ils ont donc été à cours de place dans leur vieil aître, les paroissiens de l’église Saint-Maclou ont alors décidé d’acheter un champ pour le dédier en cimetière à l’emplacement même de l’aître Saint-Maclou.

Un monument unique
Entouré d’un mur, l’endroit a tout d’abord accueilli de simples tombes avec leurs croix. Mais sous l’affluence de l’arrivée des morts, la place a à nouveau commencé à manquer. S’est alors posée la question : que faire des ossements que l’on trouvait à chaque fois que l’on creusait une nouvelle tombe ? La réponse, en cette fin du Moyen-Âge, tout début de la Renaissance, a été de construire un monument composé de galeries. Leur vocation : y entasser tous ces ossements que l’on déterrait. Ce bâtiment a ainsi servi d’ossuaire jusqu’au 18è siècle. Ce qui explique toute cette décoration en rapport avec la mort : ossements, instruments liturgiques ou encore du fossoyeur avec des cercueils, des pioches, des pelles. Il est remarquable de constater que les colonnes des galeries ouest et est sont, pour leur part, ornées de couples figurant une danse macabre.
Sauvé par les écoles
Au 17è siècle, sous l’ère Louis XIV, le site se met à accueillir des écoles de charité ; rien de choquant à cette époque où la mort est beaucoup plus présente que de nos jours. Ces écoles ont perduré jusqu’en 1920, date à laquelle il a été envisagé la destruction du monument. C’est l’école des Beaux-Arts qui lui redonnera, au final, une nouvelle jeunesse en 1940, en investissant les lieux à la suite du sinistre de son établissement dans l’incendie du quartier sud de la cathédrale. Après plus de deux années de travaux de restauration menés par la Métropole Rouen Normandie, ce joyau du passé a retrouvé, en juin 2018, tout son faste d’antan. Avec sa cour des prêtres et son passage Géricault, il est aujourd’hui autant propice à la visite qu’à la flânerie. Et si vous êtes bon observateur, peut-être serez-vous attiré par ce chat qui en passant de mur en mur réveille les morts ? Peut-être aurez-vous alors la chance d’observer les squelettes et les sybilles danser ?
Infos pratiques
Aître Saint Maclou
186 Rue Martainville
76000 Rouen
www.aitresaintmaclou.fr
Dates et tarifs 2022
La cour de l’aître Saint-Maclou est en accès libre tous les jours de 9 h à 19 h.
(sauf le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre)
Visites guidées individuelles chaque samedi à 14 h 30 et dimanche à 11 h
Durée indicative de la visite : 45 min à 1 h
Tarif unique : 6 € / personne
Gratuit pour les moins de 12 ans