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Une à deux fois par an, les Alphajets de la Patrouille de France débarquent dans le ciel de Normandie. Associés traditionnellement aux commémorations officielles du 6 juin 1944, ces survols ponctués de bleu-blanc-rouge sont à la fois symboliques et spectaculaires. Amateurs de sensations, et de belles images, on vous emmène dans les yeux de la Patrouille de France et du pilote normand Romain Leseigneur, le tout à près de 600 km/h.

En 2023, pour sa 5ème année de vol au sein de la Patrouille de France, le capitaine Romain Leseigneur occupe le poste d’« Athos 9 » réservé au pilote le plus ancien de la Patrouille. Sa mission : conseiller et pouvoir remplacer à tout moment tous les membres de l’équipe hormis le poste de leader.

Le Capitaine Romain Leseigneur, Patrouille de France

Volez-vous régulièrement au-dessus de la Normandie ?

« Les vols de la Patrouille de France se font au gré des engagements. Cela peut être des meetings aériens mais aussi des cérémonies officielles. C’est le cas des commémorations du D-Day, pendant lesquelles nous réalisons généralement des survols des Plages du Débarquement. Le 6 juin fait partie des dates emblématiques de notre calendrier« .

Comment ces vols s’organisent-ils ?

« En 2022 par exemple, nous avons retenu trois demandes officielles avec trois passages bleu-blanc-rouge et des horaires spécifiques de cérémonies à respecter. En général, on « fume » entre 45 secondes et 1 minute par passage, sur un cap donné, à une heure donnée. Notre contrat est de passer à l’heure, à plus ou moins 2 secondes. Le tout à la vitesse de 300 nœuds, soit à peu près 600 km/h. Côté logistique, chaque événement ou meeting aérien s’organise en général trois semaines auparavant, avec tout un processus de préparation. Lorsque l’on se déplace, c’est 35 personnes et 10 machines Alphajets et un avion pour la mécanique ».

Que cela représente-t-il pour vous ?

« Participer à ces commémorations du 6 juin a énormément de sens. On pense à nos frères d’arme, aux anciennes générations qui ont participé à ces opérations. Cela fait partie de notre devoir de mémoire, qui plus est pour les militaires que nous sommes ».

Lorsque vous êtes en vol, avez-vous le temps d’observer les paysages ?

« Nous veillons à la cohésion de groupe et à la tenue de nos places, mais nous jetons de temps en temps un coup d’œil furtivement pour voir la Normandie, le trait de côte, ou des points identitaires ».

Qu’arrivez-vous à identifier depuis les airs ?

« Les sites et les Plages du Débarquement ont des formes et des caractéristiques bien particulières. C’est le cas de la Pointe du Hoc ou du port artificiel d’Arromanches qui sont reconnaissables en vol. Le bocage normand, avec toutes ses haies et ses champs, est aussi assez aisé à identifier. Je pense également aux havres de la Manche, aux îles anglo-normandes, à Chausey et au Mont-Saint-Michel. Lorsque vous êtes à la pointe nord-ouest du Cotentin, vous apercevez des falaises qui rappellent l’Irlande. On est dans une région riche d’un point de vue visuel vu du ciel. D’ailleurs, mes collègues sont parfois surpris par les longues étendues de sable que l’on peut voir à marée basse sur les plages normandes ».

Quelle est votre histoire avec la Normandie ?

« Je suis originaire du Cotentin, de la Haye-du-Puits plus particulièrement. C’est ici que j’ai commencé à baigner dans le milieu de l’aéronautique, par l’intermédiaire de mon père qui était pilote pour son loisir à l’aéroclub de Lessay. Cette passion m’est venue naturellement et est devenue grandissante. Je voulais être pilote de chasse. La Normandie est toujours mon point d’attache familial, j’y reviens dès que possible, notamment du côté de Saint-Germain-sur-Ay où j’ai un pied-à-terre ».

Quand vous retournez en Normandie sur la terre ferme, quels sont vos lieux de cœur ?

« J’aime beaucoup Barneville-Carteret, les Plages du Débarquement, Granville et les îles Chausey. Bon… je suis peut-être un peu chauvin, car je connais davantage la Manche. Le département a un trait de côte très varié, à l’ouest comme à l’est, au nord comme au sud. Et le Sentier des Douaniers qui fait le tour est magnifique. Pour finir, j’évoquerais le havre de Saint-Germain-sur-Ay avec ses polders, ses moutons, ses marées. C’est un lieu que j’aime tout particulièrement et où il fait bon se promener« .


Pagayer au cœur des vestiges du D-Day

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