Ces plages normandes ont inspiré les plus grands artistes

Nombreux sont les artistes, de Millet à Proust, à avoir été irrésistiblement attirés par le littoral normand. La mer est parfois allée jusqu’à irriguer leur œuvre, comme c’est le cas pour Boudin ou Monet. On vous emmène sur ces plages tantôt iconiques et / ou mondaines, tantôt secrètes.

Le Cotentin de Jean-François Millet

Jean-François Millet par Nadar

Jean-François Millet (1814-1875), à qui l’on doit L’Angélus et Les glaneuses, voit le jour au hameau de Gruchy dans le Cotentin, non loin de Cherbourg. Il y passe les 20 premières années de sa vie. Plus tard, il y trouvera refuge lors du siège de Paris par l’armée prussienne. Gruchy : ce petit bout du monde est bordé par la mer et des paysages sauvages. Sa maison natale se visite.
Si Jean-François Millet est connu dans le monde entier (ses tableaux sont exposés dans les plus grands musées de Paris à New York) pour être le peintre du monde paysan, un retour aux sources en Normandie marque un changement de style. Il s‘intéresse aux jeux de lumière et c’est en cela que sa peinture préfigure le courant impressionniste à venir. Millet, qui a développé son style à Barbizon, signe aussi Le Rocher du Castel Vendon, situé à Gréville-Hague. Un tableau à voir au musée Thomas Henry de Cherbourg qui abrite la plus grande collection de l’artiste après Orsay.

Le Cotentin de Jules Barbey d’Aurevilly

Jules Barbey d’Aurevilly en 1882 par Émile Lévy © Wikipedia

On reste dans le Cotentin avec un autre enfant du pays, écrivain cette fois. Même si son nom ne vous évoque rien, Barbey d’Aurevilly (1808-1889) fut l’un des grands écrivains du XIXe siècle et sans doute l’un des plus dérangeants. Son œuvre la plus connue n’est autre que Les Diaboliques, qui sera adaptée au cinéma avec Simone Signoret. Celui qui signait certains de ses écrits par « Lord Anxious » (le seigneur de l’anxiété) était tempétueux, tourmenté, à l’image des paysages, sublimes et sauvages, du Cotentin. L’écrivain était particulièrement sensible aux longues plages de sable de Barneville-Carteret qui n’était alors qu’un village de pêcheurs. « Entre deux dunes, est revue la mer. Ma mer, que je pourrais orthographier ma mère, car elle m’a reçu, lavé et bercé tout petit. » Sa saison préférée pour admirer ces paysages ? L’automne.
Si cet écrivain vous intrigue, sachez que sa maison familiale vous ouvre ses portes. Située dans les terres, à 20 mn de Barneville-Carteret, elle abrite un musée littéraire.

Eugène Boudin en admiration devant la Côte fleurie

Eugène Boudin © Pierre Petit / Wikipedia

Fils d’un marin de Honfleur, c’est une tout autre voie que suit Eugène (1824-1898). Le peintre se spécialise dans les marines, les ports et les stations balnéaires. Il disait de lui et sa peinture « Je ferai autre chose, mais je serai toujours le peintre des plages ». Ce précurseur de l’impressionnisme se liera d’amitié avec un certain Monet. C’est au cours de l’été 1862, que Boudin peint des premières scènes de plage « à crinolines », à Trouville. Il croque les élégantes, les mondaines, évoquant par là même l’essor des stations balnéaires à cette époque. Les plages de Deauville sont également un motif récurrent. Si Eugène Boudin n’est pas né au Havre, il est aussi très lié à cette grande ville du bord de mer avec son activité portuaire. Il y capturera les lumières si singulières qui baignent l’estuaire de la Seine.

Le Havre immortalisé par Monet

Claude Monet © Par Nadar en 1899

Claude Monet (1840-1926) est le digne héritier de Boudin. Sous l’influence de Boudin, il quitte l’atelier pour peindre sur le motif et capter les variations de lumière. Les deux peintres ont aussi en commun le littoral normand, à commencer par Le Havre, où l’histoire du courant impressionniste va s’écrire. Monet a passé son enfance au Havre et à Sainte-Adresse. Si ses premiers tableaux du Havre sont axés sur la mer, c’est sur le port que son attention se porte en 1872 lorsqu’il pose ses valises et son chevalet à l’hôtel de l’Amirauté (sur l’actuel Quai Southampton). Il y réalise notamment Impression, soleil levant, qui allait donner son nom au mouvement, rien que ça ! Le Muma (pour Musée d’art moderne André Malraux) abrite la deuxième collection impressionniste de France après Orsay.

Cabourg et Marcel Proust : histoire d’un coup de foudre

Marcel Proust vers 1895 © par Otto Wegener / Wikipedia

Voici un écrivain que l’on ne présente plus : Marcel Proust (1871 – 1922). Enfant, il grandit dans un environnement familial privilégié. Il passe ses vacances à Trouville-sur-Mer et à Dieppe. Plus tard, c’est pour Cabourg que l’auteur aura le coup de foudre. Cabourg qui sous sa plume deviendra Balbec. Mais voilà : le célèbre romancier à qui l’on doit A la recherche du temps perdu souffre d’asthme. Il trouve un second souffle sur la côte normande, à Cabourg donc, où il passera 7 étés de suite. Ici, son quotidien est rythmé par les marées. Depuis le Grand Hôtel notamment, il passe beaucoup de temps à observer la mer. Des éléments que l’on retrouvera dans son roman le plus connu. Parmi ses autres destinations côtières préférées : Bénerville, Blonville, Trouville ou encore Houlgate. De nos jours encore, on peut y admirer les villas Belle époque du bord de mer. La figure de l’écrivain dandy plane encore ici.